Résumé
Les matériaux comme le lait, le papier et tous les tissus biologiques sont opaques car la lumière y est diffusée. Ainsi, l’interaction entre le milieu et la lumière engendre des changements multiples sur la phase du champ lumineux. Ces déphasages sont à l’origine des interférences destructives et contructives observables en sortie du milieu. Ces interférences se traduisent par une intensité appelée figure de speckle. Récemment, plusieurs travaux ont démontré la capacité de contrôler la lumière à travers les milieux diffusant. Les avancées dans les techniques de correction du front d’onde ont permis des progrès considérables sur l’efficacité de ce contrôle. Le principe consiste à corriger les perturbations sur la phase générées par le milieu, à l’aide de modulateurs spatiaux de lumière (SLM). La correction de front d’onde peut être réalisée en trouvant la matrice de phase optimale grâce au SLM dont la phase peut être ajustée sur chaque pixel.
Les milieux diffusant, plus particulièrement les tissus biologiques, ont souvent un temps de corrélation court de quelques millisecondes. Le front d’onde corrigé doit donc être calculé pendant ce temps de corrélation. De plus, le montage optique et le détecteur ajoutent du bruit à l’intensité de speckle résultante du champ lumineux diffusé. Par conséquent, le processus d’optimisation doit être robuste. Pour focaliser dans les milieux diffusant, des travaux proposent des algorithmes séquentiels qui optimisent la matrice de phase du SLM. Une autre approche consiste à mesurer la matrice de transmission du milieu, qui permet ensuite de générer la matrice de phase pour focaliser. Cependant, en considérant une image de 256x256 pixels, un temps de corrélation de 6 ms, et en supposant que l’algorithme ait besoin de 250 images pour converger, le capteur d’image doit avoir une fréquence d’acquisition de 42 000 images par seconde (fps), ce qui constitue une contrainte de conception forte. Cette approche standard,
c’est-à-dire une caméra et un processeur présente plusieurs limitations : le délai de transfert des images, et le calcul centralisé sur le processeur. Le SLM doit également compatible avec cette application ; c’est les cas des modulateurs à base de cristaux liquides ferroélectriques ayant un temps de r´eponse typique de moins de 100 us. Ainsi, notre but est de développer un capteur d’image intelligent dédié permettant d’améliorer le temps de convergence pour
focaliser en un temps inférieur au temps de corrélation. Plus précisément, le traitement des données en parallèle au niveau du pixel, permet une accélération drastique du calcul. Le défi principal est de rendre l’implémentation compatible avec les contraintes de calcul dans le pixel, c’est-à-dire une faible surface et une faible consommation. Dans cet objectif, nous présentons un algorithme
pyramidal génétique, qui peut être implémenté au sein d’un capteur d’image CMOS. Celui-ci a été évalué grâce à une modélisation optique complète, et comparé à l’état de l’art.